Mûrier

Le mûrier
Photo de Dmitry Bukhantsov sur Unsplash

Le mûrier fait partie de la famille des moracées comme le figuier. Il en existe deux espèces en Provence: le noir et le blanc. Ils se ressemblent cependant c’est la couleur de leurs fruits qui les différencie. Il est arrivé en Provence au XIVième siècle après avoir fait un long circuit à partir de la Mongolie, de la Chine ou de l’Inde . Il était cultivé en Asie depuis l’antiquité pour la production de la soie.

Seul le mûrier blanc était utilisé particulièrement pour l’élevage du ver à soie qui se nourrit exclusivement de ses feuilles. Dans tout le Sud de la France, pour ne pas perdre la place réservé aux cultures vivrières ou à la vigne, le mûrier se plantait tout autour des champs et dans tous les bouts de terrain non utilisables.

Botanique

Le mûrier du latin “morus” est de la famille des moracées (comme le figuier) . Il existe deux sortes de mûrier:

  • le “morus alba” ou MURIER BLANC
  • le “morus négra” ou MURIER NOIR“.

Le mûrier blanc, d’une hauteur maximum de 15 m, a une cime arrondie sur un tronc trapu. Les feuilles sont généralement lisses, la face inférieur avec poils sur les nervures ou sans poils. Ses fleurs sont unisexuées, elles sont en épis séparés, et situés à l’aisselle des feuilles.

Ses fruits ressemblent à une mûre allongée de 1 à 2,5 cm de long assez étroit, blanc granuleux avec un pédoncule de même longueur. Le mûrier blanc craint les climats humides de ce fait il pousse plus facilement sur les sols secs et sablonneux, il a une longévité de plus de 150 ans.

Le feuillage est la nourriture des vers à soie. Son écorce est aussi convertie en toile de papier. Son bois servait  pour les tonneaux, jantes de roue, seaux en bois, menuiserie, et charpente. Seules les feuilles du mûrier blanc étaient données à manger aux vers à soie. Le feuillage du mûrier noir  servait pour les troupeaux, et les fruits pour engraisser les volailles.

A première vue rien ne distingue beaucoup le mûrier blanc du mûrier noir. Seuls les fruits, par leur couleur blanche ou noire, les séparent. Les mûres blanches sont un peu fades contrairement aux mûres noires qui sont plus sucrées et que les enfants mangeaient avec délice noircissant leurs lèvres de leur jus.

Historique

Originaire de la Mongolie, Chine et Inde le mûrier est introduit en Grèce, en 555 par deux moines du Mont ATHOS qui sous le règne de Justinien, sont allés chercher les semences, et le ver (Bombyx noir). En 1130 il est introduit en Italie, et emmené en Provence par les Italiens de la cour des Papes en Avignon en 1345.

Au XVIe , l’élevage du vers à soie se développe ainsi que les plantations de mûrier puisque les vers ne se nourrissent que des feuilles de cet arbre. La sériciculture sera une activité prospère en Provence pendant plus de 5 siècles.

Le ver à soie qu’on appelle  “magnan” en provençal prend un immense essor en méditerranée. La ville d’Alès devient le fournisseur principal des soieries Lyonnaises avec une production annuelle de 6000 tonnes de soie grège par an.

Au XIXe siècle, l’ouverture du Canal de Suez amène un concurrent, le cocon Japonais alors moins cher que le cocon Français.  Les prix instables, et insuffisants des cocons, provoquent la désaffection des paysans qui se tournent vers la culture de la vigne. 

L’épidémie de pébrine, qui décime les vers à soie et l’arrivée des soies synthétiques feront que l’abandon de l’élevage du vers à soie se généralise.

Pourtant on peut lire encore, de ci de là, la place prise par les mûriers en découvrant au bord des routes, dans des coins reculés, près des mas de vieux mûriers aux troncs rugueux et striés, témoins d’une époque révolue.

Légende

Le mûrier est originaire de Chine, Mongolie et Inde. Depuis l’antiquité le mûrier est cultivé pour sa production de soie. Comme bien d’autres arbres, le mûrier a sa légende. Cette légende nous raconte que 2600 ans avant Jésus-Christ l’impératrice LI LINGH SHI prenant le thé sous un mûrier vit un cocon tomber dans sa tasse de thé. Le cocon sous l’effet de la chaleur se dévida ce qui donna la soie. Plus tard, il fut même surnommé l’arbre d’or pour sa prospérité.

En Provence pour “loger” les vers à soie soit:

  • on élevait un étage supplémentaire à la maison
  • on bâtissait un bâtiment spécifique appelé magnaneraie en référence aux vers à soie qui en Provence porte le nom de magnans.

Ces bâtiments en pierre étaient immenses car les vers à soie “étaient élevés” sur des grandes claies sur plusieurs étages. La pièce pouvait faire 20 mètres de long sur 7 ou 8 mètres de large et possédait aux deux angles opposés des cheminées. Les vers à soie sont très sensibles aux changements de température et sie le temps était humide il fallait chauffer.

C’étaient les filles de la maison qui étaient chargées d’aller cueillir les feuilles de mûrier pour nourrir les vers à soie dévoreurs insatiables.

Frédéric Mistral dans son grand poème épique “Mireille” parle de ces jeunes filles qu’on appelait les magnanarelles et leur consacre une chanson.